Subventions sous tension : la renégociation de la loi Rootnik sur les semi-conducteurs bouleverse l’industrie coréenne

Pourquoi la loi Rootnik sur les semi-conducteurs fait-elle tant parler d’elle en 2025 ?

Depuis le début du mois de juin 2025, la renégociation des subventions américaines accordées via la loi Rootnik (CHIPS Act) secoue les marchés et l’industrie des semi-conducteurs, notamment en Corée du Sud. Samsung Electronics et SK hynix, deux géants du secteur, avaient massivement investi aux États-Unis, misant sur des aides publiques substantielles. Mais avec le changement d’administration à Washington, la remise en cause de ces subventions bouleverse la stratégie de toute une industrie et inquiète les investisseurs coréens.

Retour sur la genèse de la renégociation : entre politique et protectionnisme

La loi Rootnik, adoptée sous Biden, visait à rapatrier la production de puces sur le sol américain grâce à plus de 39 milliards de dollars de subventions et de crédits d’impôt. Mais l’arrivée de Donald Trump a changé la donne : il critique ouvertement la loi, estimant qu’elle profite trop aux grandes entreprises étrangères, et propose de supprimer ces aides pour réduire la dette américaine. Le secrétaire au Commerce, Howard Lutnick, insiste désormais sur la nécessité de revoir les conditions d’attribution des fonds, en exigeant des garanties de création d’emplois et de transfert technologique aux États-Unis.

Fluctuations quotidiennes : comment réagissent les marchés ?

Depuis l’annonce de la renégociation, la bourse sud-coréenne affiche une forte volatilité. Le 5 juin, l’action Samsung Electronics a progressé de 1,8%, tandis que SK hynix reculait de 0,7%. L’indice KOSPI a gagné 0,5%, signe d’un optimisme prudent mais aussi d’une nervosité persistante. Les analystes soulignent que l’incertitude sur le calendrier et le montant des subventions pèse sur les perspectives du secteur, alors même que la demande mondiale de puces reste forte.

Les industriels coréens sur la défensive : inquiétudes et lobbying diplomatique

Samsung construit actuellement une méga-usine au Texas (37 milliards de dollars d’investissement), tandis que SK hynix prépare une usine d’assemblage avancé dans l’Indiana. Ces projets de grande ampleur devaient bénéficier de subventions promises, mais la renégociation remet tout en question. Les groupes coréens craignent que les nouvelles conditions américaines ne les désavantagent face à TSMC ou Intel, et le gouvernement sud-coréen multiplie les démarches diplomatiques pour défendre ses champions nationaux.

Un enjeu culturel et géopolitique pour la Corée du Sud

Au-delà des chiffres, la question des semi-conducteurs touche à l’identité économique et à la souveraineté technologique de la Corée du Sud. Le secteur représente une part majeure des exportations et de l’emploi qualifié. La renégociation intervient dans un contexte de rivalité accrue entre les États-Unis et la Chine, où Séoul tente de préserver son autonomie stratégique tout en restant un partenaire clé de Washington.

Les points clés de la négociation : transparence, conditions et incertitudes

Les discussions portent sur plusieurs aspects sensibles : exigences de transparence sur l’utilisation des fonds, quotas d’embauche locale, obligations de transfert de technologie et possibilité de révision ou de suppression des subventions en cas de non-respect des engagements. Les industriels réclament plus de clarté et de stabilité, tandis que l’administration américaine veut renforcer le contrôle sur les investissements étrangers dans un secteur jugé critique.

Effets domino : quelles conséquences pour la chaîne mondiale des semi-conducteurs ?

La renégociation des aides américaines ne concerne pas que la Corée. D’autres acteurs, comme TSMC (Taïwan) ou GlobalWafers, sont également sous pression. Si les États-Unis durcissent trop les conditions, cela pourrait fragmenter la chaîne mondiale d’approvisionnement et ralentir l’innovation, notamment dans l’intelligence artificielle et les technologies de pointe. L’Europe, de son côté, lance de nouveaux appels à projets pour renforcer sa propre industrie des puces.

Qu’attendre des prochaines semaines ? Entre incertitude et espoir

Aucune issue n’est encore actée à ce jour. Les négociations se poursuivent, avec des positions parfois très éloignées. Les investisseurs surveillent de près chaque déclaration, car l’avenir de la filière dépend du compromis trouvé. La Corée du Sud saura-t-elle préserver ses intérêts et rester au cœur de la révolution numérique mondiale ? Ou devra-t-elle repenser sa stratégie face à un nouvel ordre industriel imposé par Washington ?