États-Unis : 9 pays sur la liste de surveillance des changes – Ce que cela révèle sur l’économie mondiale et les tensions commerciales

Introduction : Pourquoi la liste de surveillance du Trésor américain fait la une ?

Saviez-vous que la politique monétaire américaine peut bouleverser les marchés mondiaux ? Le 5 juin 2025, le Trésor américain a publié son rapport semestriel sur les pratiques de change de ses principaux partenaires commerciaux. Cette fois, pas de « manipulateur » désigné, mais la liste de surveillance s’est allongée à neuf pays, avec l’arrivée de l’Irlande et de la Suisse. Cette décision reflète la volonté de l’administration Trump de renforcer la pression sur les partenaires qui affichent des excédents commerciaux ou des interventions sur leur monnaie. Pour les investisseurs et les gouvernements, c’est un signal fort sur les priorités américaines en matière de compétitivité et d’équilibre commercial.
Mais que signifie vraiment figurer sur cette liste ? Et quelles sont les conséquences pour les économies concernées ?

Quels sont les neuf pays concernés ?

La nouvelle liste comprend la Chine, le Japon, la Corée du Sud, Taïwan, Singapour, le Vietnam, l’Allemagne, l’Irlande et la Suisse. Les sept premiers étaient déjà surveillés lors du précédent rapport de novembre 2024, tandis que l’Irlande et la Suisse viennent d’être ajoutées, principalement à cause de leurs excédents commerciaux et de compte courant importants avec les États-Unis.
La Chine reste sous le feu des projecteurs, non seulement pour la taille de son économie mais aussi à cause de son manque de transparence sur sa politique de change. Le Japon et la Corée du Sud, quant à eux, ont été pointés pour leurs interventions sur le marché des changes ou leurs excédents persistants. L’Irlande et la Suisse, plus petites mais stratégiques, sont surveillées pour leur rôle dans les chaînes de valeur mondiales et la finance internationale.

Quels sont les critères pour être sur la liste ?

Le Trésor américain applique trois critères principaux :
1) Un excédent commercial bilatéral avec les États-Unis supérieur à 15 milliards de dollars.
2) Un excédent du compte courant mondial dépassant 3% du PIB.
3) Des achats nets de devises persistants et unilatéraux.
Tout pays remplissant au moins deux de ces critères est automatiquement ajouté à la liste. Ce système, mis en place depuis 2016, vise à identifier les partenaires qui pourraient fausser la concurrence via leur politique de change. Mais en pratique, il s’agit aussi d’un levier diplomatique pour pousser à plus de transparence et de négociation.

La Chine, toujours au centre des tensions

La Chine, premier partenaire commercial des États-Unis, figure sur la liste depuis 2016. Cette année encore, le Trésor a critiqué Pékin pour son manque de clarté sur la gestion du yuan. Même si la Chine n’a pas été désignée comme manipulatrice, elle a reçu un avertissement ferme : toute intervention future pour empêcher l’appréciation du yuan pourrait entraîner des mesures américaines plus dures.
Cette surveillance intervient alors que les négociations commerciales entre Washington et Pékin restent tendues, avec des droits de douane temporaires réduits de part et d’autre pour faciliter le dialogue. Les marchés des changes restent nerveux, le yuan subissant des pressions à la baisse et le dollar restant fort.

Japon, Corée du Sud, Taïwan : entre compétitivité et pression américaine

Le Japon, la Corée du Sud et Taïwan sont aussi sous surveillance rapprochée. Le Japon a récemment intervenu à plusieurs reprises pour soutenir le yen, tandis que la Corée du Sud a vu son excédent du compte courant grimper à 5,3% en 2024, principalement grâce à ses exportations. Taïwan, acteur clé des semi-conducteurs, fait l’objet d’une attention particulière pour ses achats de devises.
Pour ces économies très dépendantes des exportations, la question du taux de change est cruciale : une monnaie trop forte nuit à la compétitivité, mais rester sur la liste américaine peut entraîner des tensions diplomatiques et des ajustements de politique.

Irlande et Suisse : pourquoi ces ajouts surprenants ?

L’Irlande et la Suisse, souvent perçues comme stables et discrètes, rejoignent la liste pour leurs excédents commerciaux et de compte courant élevés. L’Irlande, hub des multinationales technologiques et pharmaceutiques, affiche un excédent significatif avec les États-Unis. La Suisse, quant à elle, est connue pour ses interventions visant à limiter l’appréciation du franc, ce qui soutient ses exportations mais attire la vigilance américaine.
Leur présence sur la liste implique un dialogue renforcé avec Washington et une nécessité de justifier leurs choix de politique monétaire.

Réactions des marchés et fluctuations quotidiennes

Suite à l’annonce du Trésor, les marchés des changes ont connu une volatilité accrue. Le yen japonais s’est brièvement renforcé après les interventions de Tokyo, tandis que le won sud-coréen a progressé dans l’attente de nouvelles discussions avec les États-Unis. Le yuan chinois reste sous pression, et le franc suisse ainsi que l’euro ont connu de légères hausses, les investisseurs anticipant une surveillance prolongée mais pas de mesures punitives immédiates.
Pour les investisseurs, ces mouvements quotidiens rappellent que la politique de change est autant une question de diplomatie que d’économie réelle.

Contexte culturel et enjeux stratégiques pour les investisseurs

Au-delà des chiffres, la liste de surveillance du Trésor américain reflète des priorités culturelles et stratégiques. Pour les États-Unis, il s’agit de défendre l’emploi et l’industrie nationale. Pour les pays exportateurs, la stabilité monétaire est un enjeu de compétitivité et de souveraineté. En Europe, l’Irlande et la Suisse doivent concilier leur rôle de centres financiers avec les exigences de leurs partenaires commerciaux.
Pour les investisseurs, comprendre ces dynamiques est essentiel pour anticiper les évolutions des marchés et des politiques. La surveillance américaine n’est qu’un maillon d’un vaste puzzle où chaque décision peut avoir des répercussions mondiales.