Terres rares : pourquoi la Chine serre la vis malgré la trêve commerciale avec les États-Unis

La Chine verrouille les terres rares : un levier géopolitique assumé
Saviez-vous que la Chine ne desserre pas son emprise sur les terres rares, même après la récente trêve commerciale avec les États-Unis ? Depuis le 4 avril 2025, Pékin impose des restrictions à l’exportation de sept métaux stratégiques, dont le samarium, le gadolinium, le terbium, le dysprosium, le lutécium, le scandium et l’yttrium. Ces éléments sont indispensables à la fabrication de véhicules électriques, d’éoliennes, d’avions, de missiles, ou encore de smartphones. La Chine contrôle près de 70 % de la production mondiale et 90 % du raffinage, ce qui lui donne un pouvoir de négociation redoutable face à Washington et à l’ensemble de l’Occident.
Quels métaux sont concernés ? Les détails de la nouvelle réglementation
Depuis avril 2025, tout exportateur chinois doit obtenir une licence spéciale pour expédier ces terres rares et leurs dérivés, notamment les aimants de terres rares, essentiels dans l’automobile, l’aéronautique, la défense et l’électronique. L’obtention de ces licences peut prendre jusqu’à 60 jours, ce qui ralentit considérablement les livraisons. Les entreprises américaines du secteur de la défense et de la haute technologie sont particulièrement visées, avec 16 entités placées sur liste de contrôle. Les constructeurs automobiles européens et asiatiques, eux aussi, subissent des retards et des hausses de prix.

Pourquoi la Chine agit-elle ainsi ? Stratégie et sécurité nationale
Ce n’est pas la première fois que la Chine utilise les terres rares comme arme géopolitique. En 2010, elle avait déjà restreint ses exportations vers le Japon lors d’un différend territorial. Aujourd’hui, Pékin justifie ses mesures par la préservation de la sécurité nationale et la nécessité de contrôler les biens à double usage, civils et militaires. Mais c’est aussi une réponse directe à la hausse des droits de douane américains. En gardant la main sur ces ressources stratégiques, la Chine s’assure un levier puissant dans la guerre technologique et commerciale qui l’oppose à l’Occident.
Effets sur la chaîne d’approvisionnement mondiale : tensions et incertitudes
Les conséquences sont immédiates : depuis la mise en place des contrôles, les exportations chinoises de terres rares ont chuté de 16 % en avril. Les prix des aimants de terres rares en Europe ont bondi de plus de 20 % en quelques semaines. Les délais de livraison s’allongent : certains clients doivent patienter plus de deux mois pour recevoir leurs cargaisons, ce qui met en péril la production de véhicules électriques, d’équipements militaires et de composants électroniques. Les stocks disponibles chez les industriels ne couvrent que deux à trois mois de besoins, rendant la situation particulièrement tendue.

Réactions des marchés et stratégies des entreprises
Face à cette incertitude, les entreprises occidentales accélèrent la constitution de stocks et explorent des alternatives, comme le recyclage ou la substitution partielle de certains métaux. Mais la réalité est crue : il n’existe pas, à court terme, de solution de remplacement crédible à l’offre chinoise. Les prix sur les marchés internationaux restent très volatils, et chaque annonce de Pékin provoque des mouvements brusques. L’industrie de la défense américaine, notamment, tire la sonnette d’alarme : sans terres rares, la fabrication de missiles, de radars ou de drones est compromise.
Un monopole difficile à contourner : la Chine, maître du raffinage
Pourquoi la Chine est-elle si difficile à concurrencer ? Outre ses réserves minières, elle détient un quasi-monopole sur le raffinage des terres rares lourdes, grâce à des décennies d’investissements et des normes environnementales plus souples. Les rares alternatives, comme l’australienne Lynas, ne pourront produire des volumes significatifs de dysprosium et de terbium qu’à partir de la fin de l’année. D’ici là, la dépendance mondiale vis-à-vis de la Chine restera totale.
Perspectives : vers une diversification ou une dépendance durable ?
Les États-Unis, l’Europe et le Japon multiplient les initiatives pour sécuriser leur approvisionnement : ouverture de nouvelles mines, investissements dans le raffinage local, accords avec l’Australie ou l’Ukraine. Mais ces efforts prendront des années à porter leurs fruits. Selon les prévisions de l’Agence internationale de l’énergie, la Chine restera le premier producteur et raffineur de terres rares au moins jusqu’en 2030. En attendant, les industriels et investisseurs doivent composer avec une volatilité accrue, des coûts en hausse et une incertitude géopolitique persistante.
Contexte culturel et économique : le contrôle des ressources, un enjeu de puissance
En Chine, le contrôle des ressources stratégiques est perçu comme un gage de puissance et de souveraineté. Pour Pékin, la maîtrise des terres rares est un outil d’influence, mais aussi une assurance face aux pressions extérieures. Pour les entreprises et investisseurs occidentaux, la leçon est claire : la sécurité des chaînes d’approvisionnement est désormais un enjeu central, qui dépasse largement la simple logique de coût. Les terres rares illustrent à quel point la géopolitique et l’économie sont aujourd’hui indissociables.
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