BoJ en Pause : Ueda Freine Face aux Tarifs Trump et à l'Inflation du Riz qui Flambe

## La BoJ Maintient le Cap Malgré les Pressions Inflationnistes
La Banque du Japon se trouve dans une position particulièrement délicate en mai 2025, maintenant son taux directeur à court terme à 0,5% pour le deuxième mois consécutif, conservant ainsi le niveau le plus élevé depuis 2008. Cette décision unanime intervient dans un contexte de préoccupations croissantes concernant les mesures tarifaires du président américain Trump qui pourraient freiner la croissance économique tant aux États-Unis qu'à l'échelle mondiale.
Saviez-vous que Tokyo négocie actuellement un accord commercial avec Washington ? Cette situation influence directement les futures décisions politiques de la banque centrale nippone. Le conseil a clairement indiqué qu'il augmenterait les taux si les prévisions économiques et de prix se concrétisaient, mais l'incertitude commerciale complique énormément ces projections.
Le gouverneur Kazuo Ueda a adopté une approche particulièrement prudente, déclarant que l'institution pourrait réagir en cas d'impact sur l'économie japonaise des droits de douane américains, ce qui pourrait se traduire par une pause dans les hausses de taux d'intérêt. Cette position reflète la complexité de l'environnement économique actuel où les pressions inflationnistes persistent mais où les risques externes s'intensifient.
L'inflation sous-jacente a repris sa hausse en mars, atteignant 3,2% en glissement annuel, soit une progression de 0,2 point de pourcentage. Cette accélération est principalement due à la flambée spectaculaire du prix du riz, qui a bondi de 80,9% sur un an, créant des tensions significatives sur l'indice des prix à la consommation.
## Révision Drastique des Prévisions de Croissance

Dans ses perspectives trimestrielles, la BoJ a procédé à une révision drastique de ses prévisions de croissance, abaissant sa projection pour l'exercice 2025 à 0,5% contre 1,0% projeté en janvier. Cette réduction de moitié témoigne de l'impact significatif des risques commerciaux et de l'incertitude politique sur l'économie nippone.
Mais les mauvaises nouvelles ne s'arrêtent pas là ! Les perspectives de croissance pour 2026 ont également été réduites à 0,7% contre 1,0% précédemment anticipé. Cette double révision à la baisse illustre les préoccupations profondes de la banque centrale concernant l'impact prolongé des tensions commerciales.
Selon BNP Paribas, la croissance japonaise devrait connaître un coup d'arrêt en 2025, avec un taux de croissance annuel moyen qui s'est déjà réduit à +0,1% en 2024. Au premier trimestre 2025, le PIB s'est contracté de 0,2% en rythme trimestriel, et les trimestres à venir devraient afficher un rythme de croissance faible voire négatif.
Cette situation s'explique principalement par l'incertitude et les conséquences négatives sur les exportations japonaises induites par la politique commerciale des États-Unis. Les entreprises japonaises, notamment dans le secteur automobile, expriment déjà leurs inquiétudes concernant l'impact sur leurs profits et leur production.
## L'Inflation Alimentaire Crée des Tensions Sociales
La flambée des prix alimentaires, et particulièrement celle du riz, constitue un défi majeur pour la Banque du Japon en 2025. Le prix du riz a explosé de 80,9% en glissement annuel en mars, créant des tensions sociales importantes et compliquant la tâche des décideurs monétaires.
Cette situation préoccupe particulièrement la BoJ car elle alimente l'inflation sous-jacente de manière significative. L'institution s'inquiète de cette flambée des prix du riz qui pourrait compromettre l'objectif de stabilité des prix à long terme. L'inflation totale reste sensiblement au-dessus de la cible de 2%, atteignant 3,6% en glissement annuel.
Paradoxalement, malgré cette inflation persistante, la croissance des salaires nominaux ralentit, tombant à +1,3% en glissement annuel en février 2025, soit le plus bas niveau depuis un an. En conséquence, et en raison du regain d'inflation, l'indice des salaires réels demeure négatif à -1,5% en glissement annuel.
Cette situation crée un cercle vicieux où l'inflation érode le pouvoir d'achat des ménages japonais, tandis que la croissance des salaires peine à suivre. La confiance des consommateurs poursuit d'ailleurs son recul en avril, atteignant 31,2, soit le plus bas niveau depuis février 2023. Le sentiment vis-à-vis des standards de vie constitue le premier facteur de baisse, suivi par les préoccupations liées à l'emploi.
## Les Défis des Tarifs Douaniers Américains
L'impact des tarifs douaniers imposés par l'administration Trump constitue l'une des principales préoccupations de la Banque du Japon. Selon le FMI, une hausse de 10% des tarifs douaniers mondiaux pourrait réduire la croissance du PIB japonais de 0,5% d'ici 2026, un scénario particulièrement défavorable pour l'économie nippone.
Kazuhiro Masaki, directeur de la succursale d'Osaka de la BoJ, a caractérisé les perturbations causées par les politiques de Trump comme étant différentes de tout choc précédent, notant que les conséquences économiques sont difficiles à mesurer. Cette incertitude pourrait contraindre la banque centrale à maintenir sa position actuelle pour un avenir prévisible.
Les entreprises japonaises, particulièrement dans les régions centrales et méridionales qui abritent des géants automobiles comme Toyota Motor et leurs fournisseurs, expriment déjà leurs inquiétudes concernant les répercussions potentielles de ces tarifs. Kenji Sakuta, chef de la succursale de Fukuoka de la BoJ, a déclaré que les entreprises signalaient déjà des préoccupations concernant leurs profits en mars.
Cette situation pèse particulièrement sur les exportateurs nippons, dont Toyota et Sony, qui représentent environ 25% de la capitalisation du Nikkei 225. Une intensification des frictions commerciales pourrait dégrader davantage les perspectives économiques globales et affecter négativement les actifs risqués japonais.
## Perspectives Monétaires et Stratégie d'Ueda
Le gouverneur Kazuo Ueda a réaffirmé la position de la BoJ qui dépend des données, soulignant sa volonté d'ajuster sa politique si l'inflation et l'activité économique s'alignent sur les prévisions. La banque centrale vise à ce que l'inflation sous-jacente tende constamment vers 2% d'ici l'année fiscale 2027, mais elle est prête à procéder à de nouvelles hausses de taux si la confiance dans la réalisation de cette trajectoire se renforce.
Cependant, la BoJ a également révisé à la baisse sa prévision d'inflation sous-jacente pour l'exercice 2025 à 2,2% contre 2,7% précédemment anticipé. Elle s'attend à ce qu'elle diminue encore à 1,7% en 2026 avant de remonter à 1,9% en 2027. L'inflation globale devrait osciller autour de 2% jusqu'à la fin de l'exercice se terminant en mars 2028.
Selon les analystes de BNP Paribas, une nouvelle hausse de 25 points de base est attendue au quatrième trimestre 2025 face à une inflation durablement au-dessus de la cible de 2%. Cette prévision reste conditionnée à l'évolution des tensions commerciales et à la stabilisation de l'environnement économique global.
La stratégie d'Ueda semble privilégier la prudence face aux multiples incertitudes. Lors de la réunion de janvier 2025, la BoJ avait justifié sa hausse de taux par la stabilité des marchés financiers, la résilience de l'économie américaine et le peu d'impact de la politique commerciale de Trump sur l'économie nippone. Aujourd'hui, cette évaluation semble avoir évolué vers plus de circonspection.
## Impact sur les Marchés et le Yen
Les décisions de politique monétaire de la BoJ ont des répercussions importantes sur les marchés financiers japonais et la devise nippone. Le Nikkei 225 affiche une hausse fragile sous les tensions commerciales et monétaires, avec une évolution qui dépendra principalement des tensions commerciales mondiales et de la rhétorique de la Banque du Japon.
Les récentes déclarations du gouverneur Kazuo Ueda suggèrent une possible normalisation progressive cette année étant donné la réaccélération de l'inflation au cours des récents mois. Une rhétorique plus restrictive renforcerait le yen, ce qui pénaliserait les marges des exportateurs japonais, tout en exerçant une pression à la hausse sur les rendements des obligations d'État japonaises à 10 ans.
Le lundi suivant l'annonce des tarifs, les marchés boursiers asiatiques ont connu des baisses significatives, les investisseurs craignant que les tarifs de Trump puissent entraîner une hausse des prix, une réduction de la demande et potentiellement pousser l'économie mondiale vers la récession. L'indice Nikkei du Japon a chuté à son plus bas niveau en un an et demi.
Mari Iwashita, analyste expérimentée de la BoJ, a remarqué qu'étant donné la gravité de cette baisse, il faudra du temps pour que les marchés se redressent. Même si la BoJ devait relever à nouveau les taux, cela se produirait probablement dans la seconde moitié de cette année, reflétant la prudence accrue de l'institution face aux incertitudes actuelles.
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